Florence I (gris-vert-bleu)

Florence I (gris-vert-bleu)

1960, huile sur toile, 195 x 97 cm
Coll. Fondation Gaston Bertrand
N ° inv. 861

Alors que pour certains artistes l'abstraction géométrique constitue un but, chez Bertrand elle demeure seulement un moyen qui lui permet à la fois de maîtriser l'épanchement de la sensibilité et de conférer à l'œuvre sa cohérence et son hiératisme. Si la révolution abstraite que connurent les années d'après-guerre fut capitale pour bien des artistes, elle paraît n'avoir été pour Bertrand qu'un encouragement à décanter le réel, non une véritable rupture dans son art. À cet égard, un propos du peintre écrit quelques mois avant la découverte de la chapelle des Médicis, éclaire sa position : « Rien n'empêche un artiste de faire œuvre grande axée sur le réel, mais dans ce réel il sera obligé d'établir un choix. Ce choix nécessaire pour durer dans le temps devra être bâti sur l'abstraction, une abstraction invisible pour le profane, mais qui aura le don de conférer à l' œuvre son rythme, sa noblesse, en un mot son éternité. Et ici je rejoins quelques principes éternels, particulièrement la raison et l'esprit de calcul : vertus vivifiantes, toujours présentes dans toute œuvre de qualité ». L'on reconnaît bien ici l'artiste d'obédience classique pour qui l'abstraction rime avec recherche d'harmonie par le biais d'équilibres mathématiques.

Sans pour autant évoquer l'antinomie historique entre Florence et Venise, c'est-à-dire entre la forme et la couleur, il faut cependant souligner dans le cas de Gaston Bertrand la prédominance qu'il accorda à la ligne, au plan ainsi qu'à l'équilibre formel de la composition et à son unité. « Classique » donc dans ses préférences, ce qui évoque les qualités qu'on reconnaît au peintre belge : la primauté de l'harmonie formelle sur la recherche de l'expression, la pérennité tant matérielle que spirituelle de la chose faite, l'idée que l'art est transcendant et que pour les choses touchant au sublime s'impose un langage spécifique, non celui de tous les jours.

Quarante ans après avoir effectué son voyage en Italie, Gaston Bertrand déclara «  En Italie, cela est évident, j'ai découvert la couleur, la nécessité et la puissance de la couleur, particulièrement dans l'architecture  ». L'artiste eut la précaution de souligner combien cet éveil chromatique n'était nullement inspiré de manière directe par la « couleur locale  » de la chapelle des Médicis. Pour s'en persuader, il suffit de comparer les harmonies de couleur si différentes que le peintre imagina pour chacune des quatre grandes toiles verticales inspirées par la chapelle médicéénne et titrées Florence.

En avril 1993, la Poste belge édita à sept millions et demi d'exemplaires un timbre Europa de quinze francs reproduisant cette œuvre de l'artiste.

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