Médicis II

Medicis II

1961, huile sur toile, 146 x 97 cm
Coll. privée, Bruges
N ° inv. 889

Au vu d'œuvres composées selon des équilibres très savants et soumises aussi bien à la règle qu'au compas, combien de fois les exégètes de l'art de Bertrand n'ont-ils pas évoqué des affinités avec l'architecture ! C'est du moins le sentiment qu'ils éprouvèrent dans les années d'après-guerre dès lors qu'ils découvrirent chez l'artiste des toiles inspirées par des thèmes architecturaux, qu'ils constatèrent aussi une exceptionnelle rigueur constructive dans l'organisation des formes et des plans, même s'il s'agissait d'un paysage maritime ou d'une figure.

Au cours de l'automne 1953, Gaston Bertrand eut à coeur d'effectuer en Italie un voyage de deux mois, le premier d'importance dans sa vie : il le qualifia lui-même de « très studieux ». Il visita principalement les villes de Milan, Florence, Bologne, Sienne et Rome. C'est à l'église San Lorenzo à Florence que Bertrand découvrit la chapelle funéraire des Médicis, l'un des témoignages architecturaux parmi les plus saisissants du génie de Michel-Ange. Contrairement à la plupart, le peintre ne semble pas avoir été particulièrement attiré par les célèbres statues décorant le mausolée de Julien et Laurent de Médicis ; sur aucun dessin ne figurent en effet les deux effigies trônantes ni les nudités allégoriques qui les entourent. En revanche, les espaces marbrés qui les abritent constituèrent pour Bertrand un véritable chemin de Damas. À considérer la cinquantaine d'études dessinées, la dizaine d'aquarelles et les vingt-six toiles parmi les plus importantes et les plus vastes qu'il ait peintes entre 1955 et 1978, toutes œuvres trouvant leur origine formelle dans les structures de ladite chapelle, on comprendra combien celle-ci constitua pour l'artiste la révélation majeure et la source d'inspiration principale de son périple italien. C'est donc bien certains volumes architectoniques se profilant dans des espaces réels, et non telle spéculation géométrique ou tel traité, qui conduisirent Bertrand à entamer la structuration abstraite de la toile.

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