Montmajour XI

Montmajour XI

1959, aquarelle sur Charles Ier, 58.2 x 46.5 cm
Coll. Musée L, Louvain-la-Neuve (donation Serge Goyens de Heusch)
N° inv. 858

À l’Abbaye de Montmajour, Gaston Bertrand allait retrouver la voûte en berceau et l’arcade en plein cintre, deux principes architectoniques qui avaient déjà inspiré quelques œuvres « italiennes » et qui allaient ensuite trouver leur acmé dans les structures souterraines du métro parisien. Mais ici l’artiste les découvrait intégrés à un édifice religieux du Moyen Age : l’élévation spirituelle et le rayonnement sacré si présents dans ses œuvres, il les perçut d’emblée dans l’admirable ensemble de l’abbaye provençale. C’est en septembre 1957 que, à l’occasion d’un voyage dans le midi de la France, l’artiste eut la révélation des architectures cisterciennes de Montmajour auxquelles, sous le choc de la découverte, il consacra l’essentiel de son séjour. Il se mit aussitôt à l’œuvre et exécuta une série de dessins à l’encre déjà forts aboutis qui allaient, comme à l’habitude, lui fournir ultérieurement matière à l’une des plus impressionnantes séries d’aquarelles et d’huiles jamais traitées par lui à partir d’un thème inspirateur ; ne la dépasseront en quantité que le métro parisien et les villages provençaux de Venanson et Vésubie.
C’est seulement deux ans après son passage à Montmajour que l’artiste, très occupé à développer entre-temps des sujets puisés en Espagne lors de son voyage en 1958, entama une série de onze aquarelles bâties sur diverses perspectives de l’ensemble provençal. Elles interprètent les grandes courbes en plein cintre des arcades qui s’associent dès lors à de savants jeux de parallèles horizontales ou verticales ; parfois la courbe trouve sa propre réplique inversée dans le bas de la composition ; d’autres fois encore une forme ovale se substitue au demi-cercle et se referme sur elle-même comme un fruit, pour reprendre ici la métaphore utilisée par l’artiste lui-même dans l’un ou l’autre titre. De même que les moines bénédictins qui occupèrent autrefois les lieux en quête de paix spirituelle, Gaston Bertrand avait finement saisi l’écho rayonnant venant du ciel, si cher à l’art roman, que faisaient entendre ces multiples courbures inscrites dans la chaude pierre de France.

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